Non, ce nouvel article ne traitera pas des missions spatiales les plus marquantes de l’Histoire, désolée.
Plus Terre à Terre : parlons communication.
Ça vous est déjà arrivé, à vous, d’avoir l’impression de ne pas parler la même langue que vos interlocuteurs ? De vous demander si votre conjoint.e ou vos enfants (ne parlons même pas des collègues de boulot) ne faisaient pas exprès de ne pas comprendre ce que vous disiez ?
Pourtant, vous avez été limpide, non ? Non ?
Nous aimons tous à penser que nous communiquons de manière claire et compréhensible. Après tout, qui aurait envie de s’exprimer comme Groot ou Mr Bean ?
Et pourtant, ce que nous disons n’est pas ce que nous communiquons.
Je vois d’ici votre sourcil se lever d’un air dubitatif. Pourtant, cette idée ne date pas d’hier.
En 1967, Albert Mehrabian a affirmé que la communication verbale ne représentait que 7% du contenu global de notre communication (38% de la communication serait vocale, et 55% visuelle).
En 1979, Paul Watzlawick a proposé des chiffres moins tranchés, fixant la part de non verbal à 75% de la communication totale.
Si on fait une moyenne de ces deux avis, on obtient 84% de non verbal…de quoi prendre un peu de recul sur notre manière d’échanger.
Ce que nous disons passe à travers plusieurs filtres :
- d’abord, nous pensons ce que nous voulons exprimer
- ensuite, nous choisissons nos mots et les exprimons(je ne sais pas pour vous, mais moi je suis la grande spécialiste du lapsus ou du propos qui sort de ma bouche de manière bien différente que ce que j’avais envisagé, me laissant face à un grand moment de solitude)
- le message est reçu par notre interlocuteur, qui à son tour le passe par ses propres filtres pour le comprendre et y réagir.
Ajoutons maintenant le contexte. Essayez donc de dire à votre partenaire de vie « Et si on vendait la maison ? » juste après un fou rire (ou tout autre activité ayant mené à un état de détente plutôt agréable) ou après une dispute. Il y a fort à parier que cette phrase n’engendrera pas les mêmes réactions dans ces deux contextes.
Les enfants et les ados, eux, ont tout compris à l’importance du contexte. Ils savent venir vous parler d’un truc qu’ils savent susceptible de vous agacer, ou vous demander la permission de sortir avec des copains le week-end prochain pile au moment où votre attention disponible est au plus bas.
Ça en fait des obstacles potentiels, non ?
Et attendez, nous n’avons pas encore parlé de notre cerveau, ce petit chenapan ! Il est sympa, et fort utile pour nous aider à comprendre et être compris, mais il a aussi une fâcheuse tendance à nous jouer des tours.
Il s’amuse souvent à distordre bien malgré lui le traitement de l’information en la passant à travers des schémas de pensée trompeurs et faussement logiques. Ce sont les fameux biais cognitifs, dont le grand public a connaissance en grande partie grâce aux travaux de Daniel Kahneman et Amos Tversky dans les années 1970.
Il existe plus d’une centaine de biais reconnus à ce jour, je ne vais pas vous les détailler tous ici, mais je vais tout de même vous donner quelques exemples de la manière dont ces biais viennent influencer nos relations à autrui (et parfois à nous-mêmes).
Commençons déjà par établir un élément de base : notre cerveau a besoin de sens. C’est une question de survie de l’espèce pour lui.
Il va donc s’atteler à en créer le plus rapidement possible, et ce même si les données à sa portée sont incomplètes. Ces opérations mentales automatiques sont appelées des heuristiques de jugement.
Nous croyons être des individus de réflexion, mais bien souvent, ce n’est guère le cas. Ouch, coup dur pour l’ego.
Mais revenons à la manière dont notre cerveau nous biaise…
L’un des biais qui influe le plus sur nos relations interpersonnelles est le biais de faux-consensus, cette tendance à surestimer le nombre de personnes qui pensent comme nous, partagent nos opinions, nos goûts, nos valeurs…
C’est, à mon sens, l’un des premiers à débusquer pour pouvoir changer de point de perception et essayer de voir les choses avec le regard de l’autre.
Vous avez rendu un dossier à votre patron vendredi soir. Lundi matin, il arrive au boulot la mine renfrognée et vous dit à peine bonjour.Vous avez même carrément l’impression qu’il vous jette un regard noir en passant. Qu’en déduisez-vous ?
Si vous avez immédiatement tendance à penser qu’il a trouvé votre rapport en dessous de tout et qu’il va vous passer un savon sous peu, voire même vous mettre à la porte, vous êtes sous l’effet du biais de corrélation illusoire.
En se basant sur les éléments à sa disposition, votre cerveau crée des liens. Il ne s’occupe pas de savoir si votre patron s’est disputé avec sa femme ou s’il a perdu de l’argent en bourse, ou si il s’est pris le bec avec un conducteur agressif en se garant dans la rue juste avant d’arriver au bureau.
Et vous, vous transpirez à grosses gouttes en espérant que l’orage n’éclate pas au dessus de votre tête.
Vous rentrez du boulot après cette journée harassante. Votre partenaire, qui ne travaillait pas aujourd’hui, devait s’occuper de vider la panière de linge à repasser.
Vous passez la porte et le/la découvrez allongé.e sur le canapé, la panière toujours débordante de linge tranquillement posée sur la table à repasser.
Comme vous connaissez bien sa tendance à la procrastination, vous vous dites immédiatement que c’est pour cela que le linge est toujours froissé (et vous aussi par la même occasion), jusqu’à ce que vous vous rendiez compte de son regard rougi et de la présence de la boîte de mouchoirs vide à ses côtés.
Vous n’êtes pas pour autant la pire personne de la Terre, vous avez juste été sous l’influence de l’erreur fondamentale d’attribution : vous avez basé votre jugement sur les caractéristiques internes de votre partenaire, au détriment des facteurs externes et situationnels.
Vous venez de boucler un dossier et vous le présentez à votre équipe de collaborateurs. C’est un succès ? Vous vous en attribuez le mérite. C’est un échec ? Vous aurez tendance à en imputer la cause à des facteurs externes pour maintenir positive votre estime de vous-même.
C’est le biais d’autocomplaisance.
Vous passez une soirée entre amis. La discussion s’anime autour d’un sujet de société, les avis divergent, vous ne savez pas trop comment trancher. Votre cerveau va trouver, lui.
Hop , biais de croyance.
Pour évaluer la crédibilité d’une conclusion, il aura tendance non pas à tenir compte de sa validité logique réelle, mais à se fier à vos connaissances et à vos croyances.
Nous sommes des êtres réfléchis qu’on vous dit !
Tous ces facteurs ont une influence réelle sur notre communication et sur nos relations. Une fois que nous en prenons conscience, nous nous apercevons rapidement de leur impact sur notre couple, nos échanges avec nos enfants, nos réactions en réunions d’équipe, etc.
Et c’est là que les thérapies brèves peuvent changer la donne, parce que vous pouvez apprendre à mieux vous connaître, à mieux reconnaître les biais auxquels vous êtes plus facilement sensible.
Je ne vous parle pas de programme miracle pour « Apprendre à communiquer avec brio dans toutes les situations : convaincre à tous les coups pour seulement 999 euros ! » (offre promotionnelle expirant dans 12 secondes)
Je ne vous parle pas non plus d’envoyer une mèche de cheveux et un mouchoir imbibé de salive pour recevoir sous 10 jours votre amulette d’amour afin que l’être aimé tombe à vos pieds (résultats garantis!)
En revanche, les thérapies brèves peuvent vous permettre de mieux comprendre votre fonctionnement.
Celui de votre cerveau, mais aussi celui qui est lié à votre expérience de vie, aux épreuves que vous avez traversées, aux choses auxquelles vous croyez fermement, à vos valeurs.
C’est cette connaissance de vous qui vous permettra de vous regarder sans complaisance mais aussi sans jugement hâtif, puis de parvenir à faire un pas de côté pour mieux comprendre les autres.
Je ne vous dis pas que vous serez débarrassés de vos biais cognitifs, c’est impossible, ni même que vous y prêterez une attention constante, ça serait épuisant.
Ce que je peux vous dire, c’est que c’est là que réside, à mon sens, le cœur de ce qu’il y a de positif dans le développement personnel. Et qu’une fois que vous aurez fait ce travail, vous ne vivrez plus de la même manière les situations de tension ou de conflits, que vous n’aurez plus le même jugement sur vos collègues.
L’hypnose, la PNL, les TCC, sont autant d’outils de connaissance de soi qui vous ouvriront de nouvelles voies de communication.
Ces outils vous aideront à déterminer à quels moments votre intention diffère des attentes de vos interlocuteurs, à quels moments il peut être utile de modifier votre point de perception d’une situation, à quels moments votre communication non-verbale a pu placer une barrière invisible entre vous et l’autre.
Les thérapies brèves ne sont pas utiles uniquement lorsqu’on « a un problème », elles sont aussi un moyen d’évoluer en tant qu’individu, d’aller à la rencontre de soi pour mieux s’ouvrir aux autres.