Le printemps est là!
Si si, entre deux averses de grêle et trois tempêtes, on parvient à entrapercevoir le soleil…il faut juste être aux aguets au bon moment.
Avec le printemps fleurissent les bonnes résolutions, ainsi que les couvertures de magazines vantant les régimes et l’importance de préparer son « Summer Body ».
Cette idée étrange selon laquelle on aurait à avoir un corps différent selon les saisons me laisse un tantinet perplexe…
C’est quoi le principe ? Bouddha l’hiver, Éros ou Vénus l’été ? Sympa ce culte du yo-yo. On pourrait presque croire que ça bénéficie à l’industrie des régimes en tous genres…
Toujours est-il que les demandes d’accompagnement autour du poids sont nombreuses, et que les discours se recoupent : « J’ai beau tout essayer, rien n’y fait »
En règle générale, les gens viennent vers un.e hypno après avoir déjà vu des professionnels de la nutrition et/ou de la diététique. Iels connaissent déjà les conseils, les habitudes, les réflexes à adopter, et pourtant, ça coince.
Il faut dire que le poids qu’on porte se résume rarement au chiffre qui s’affiche sur la balance.
Dressons une liste (non exhaustive) de ce qui revient le plus souvent en séances…
Le poids sociétal.
Le poids des injonctions de notre société pèse lourd sur nos corps, et sur notre inconscient.
La grossophobie ambiante, à peine cachée sous un voile de bienveillance et de santé publique, nous apprend dès notre plus jeune âge que le surpoids et l’obésité sont synonymes de fainéantise, de laisser-aller, de manque de confiance en soi, et j’en passe.
Sans parler des problématiques de santé liées au poids, qui sont indéniables, les jugements de valeur portés sur les personnes en situation de surpoids sont sans appel. S’iels en sont là, c’est qu’iels l’ont bien voulu.
Mais oui enfin, il suffit de volonté, c’est bien connu !
Le culte des régimes, placardé en lettres capitales à la une de tous les magazine, nous rappelle sans cesse à l’ordre. Sans parler de la presse people qui fait ses choux gras du moindre kilo pris par telle ou telle célébrité, du moindre pli dépassant d’un short, du moindre centimètre de tour de ventre en plus immédiatement associé à la déprime ou à une carrière en berne.
Difficile dans de telles conditions d’être en paix avec son corps et avec son assiette.
Pourtant, ça me semble être la base. Personnellement, vouloir le bien de mon corps est bien plus efficace pour me pousser à faire attention à ce dont je me nourris que la courbe de mon IMC.
C’est parce que je considère que mon corps n’est pas une poubelle et qu’il mérite de recevoir des choses qui lui font du bien que je veille à le nourrir le plus sainement possible, pas parce que je veux absolument afficher un ventre plat sur la plage.
Le poids des régimes.
Ça paraît paradoxal,non ? Et pourtant, les régimes que nous nous sommes infligés par le passé sont autant de périodes de privation et de frustration que notre corps a gardé en mémoire, et dont il a appris à se méfier.
Les cures de détox, les régimes restrictifs qui excluent telle ou telle catégorie d’aliments, les menus qui vendent tellement de rêve qu’on mange par automatisme, sans profiter de son assiette, ni avec ses yeux, ni avec son odorat, ni avec sa bouche…autant d’expériences qui, loin d’assainir notre rapport à la nourriture, nous poussent à des conflits internes permanents.
Notre corps est programmé pour survivre. Pour cela, il fait de son mieux pour maintenir un état appelé homéostasie, état qui vise à conserver une certaine harmonie, une certaine stabilité, au sein de notre organisme.
Les périodes de régime sont autant de moments pendant lesquelles ce principe d’homéostasie a pu être bafoué, ce que le corps a pu ressentir comme une mise en danger. Face à ces perturbations, il a mis en place un système de protection qui peut, à terme, devenir un véritable trouble face à l’alimentation.
Le poids culturel et familial.
« On ne sort pas de table avant d’avoir fini son assiette ! »
« Pense à tous les enfants qui n’ont rien à manger ! »
« Mange, c’est signe de bonne santé »
« Un repas, c’est entrée, plat, dessert »
Ça vous dit quelque chose ?
Vous aussi, vous avez connu ces assiettes copieusement remplies par quelqu’un d’autre que vous, qui vous reprochait ensuite plus ou moins ouvertement de ne pas les vider entièrement ?
« Qu’est-ce que tu as, tu es malade ? C’est pas bon ce que je t’ai préparé ? »
« Allez, reprends-en, fais-moi plaisir ! »
« Tu ne veux pas de gâteau ? Moi qui l’avais fait exprès pour toi ! »
C’est sympa les repas en famille, mais ça a une fâcheuse tendance à imprimer dans l’esprit des enfants des croyances qui pourraient bien les desservir un jour.
Apprendre qu’on DOIT finir son assiette, peu importe que l’on ait encore faim ou non, c’est apprendre à ignorer ses propres signaux. C’est faire passer les besoins des autres avant les siens.
Faire plaisir à celui ou celle qui a préparé le repas serait donc plus important que d’écouter son propre corps qui exprime qu’il a reçu assez pour faire face à ses besoins ?
De plus, on apprend rarement à manger en ne faisant rien d’autre. La télé est présente dans quasiment tous les foyers, souvent allumée pendant les repas. Rien de tel pour se décentrer de soi et de ses ressentis. Ajoutons à cela que ce qu’on y voit, pour peu que l’on mange devant le journal télévisé, est bien souvent anxiogène, et on obtient un cocktail détonant.
Et puis, on intègre bien malgré nous les croyances de nos aïeux sur la nourriture, ainsi que sur le poids.
Les discours récurrents entendus pendant l’enfance ont un impact énorme sur notre développement. Peuvent alors s’installer des loyautés familiales, dont on a rarement conscience, mais qui conditionnent notre rapport à notre corps.
Le poids émotionnel.
De nombreux facteurs psychologiques et émotionnels ont une influence sur notre alimentation, notre poids et la manière dont nous appréhendons notre corps.
De nombreux évènements difficiles, voire traumatiques, peuvent avoir un impact, y compris à long terme, sur notre poids.
Un deuil non résolu, une dépression mal soignée, une rupture difficile…autant de situations qui peuvent nous mener à combler un vide, un manque par la nourriture.
Il est également très fréquent de trouver, en lien avec les problématiques de poids, des traumas, en particulier des traumas de la sphère intime (attouchements, inceste, agression sexuelle, viol) et/ou des violences physiques et/ou psychologiques.
Ces expériences de mise en danger de l’intégrité physique et/ou psychique peuvent modifier durablement notre manière d’habiter notre corps, ou parfois, de chercher à ne plus l’habiter.
C’est d’autant plus important que notre corps est notre premier mode de contact aux autres. C’est par la vue que se font les premières impressions. L’estime de soi n’est pas étrangère aux problématiques liées au poids.
L’inconscient va parfois « utiliser » le corps pour mettre les autres à distance, soit en s’entourant d’une armure de kilos, soit en faisant en sorte de passer inaperçu en prenant le moins d’espace possible.
La relation que nous avons à notre sexualité a également une influence majeure sur notre rapport au corps. Nos croyances sur ce qui rend un corps désirable ou non, nos croyances sur ce désir (le nôtre et celui d’autrui envers nous), sur le plaisir que notre corps peut (nous) procurer, jouent un rôle non négligeable dans ces problématiques.
Vous l’aurez compris, le poids que l’on porte n’est pas toujours affaire de kilos, ni d’alimentation.
L’hypnose ne vous fera pas mincir en elle-même. Ce n’est pas une baguette magique qui vous permettra de manger tout ce dont vous avez envie sans jamais prendre un gramme (désolée, moi aussi j’aimerais bien, mais non…).
En revanche, si malgré de bonnes habitudes alimentaires vous ne voyez pas d’évolution sur la balance et que vous avez la sensation que quelque chose bloque, ou si malgré un poids médicalement raisonnable vous ne vous sentez toujours pas en paix avec votre corps, alors il peut être intéressant d’en discuter avec un.e praticien.ne qui pourra vous proposer un accompagnement adapté.
Ce type d’accompagnement peut tout aussi bien se faire en présentiel qu’en visio.