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Photo de Susan Q Yin sur Unsplash

Mot compte triple!

Tu as déjà entendu un échange entre profs ? Ou entre employés d’une administration ?

Ça t’a donné l’impression d’assister à une partie de Kamoulox jouée en Klingon (si t’as pas la ref, cf Star Trek. Ou The Big Bang Theory. Ou les 2) ?

Tu as un enfant présentant des difficultés d’apprentissages, et/ou en situation de handicap, ou tu es accompagnant·e et tu aimerais pouvoir mieux orienter les familles ?

Cet article est pour toi.

Sinon, deux solutions s’offrent à toi. 

1) Poursuivre ta lecture pour le plaisir de ma prose et/ou des acronymes (si tu veux qu’on en parle, n’hésite pas…)

2) Retourner vaquer à tes occupations et attendre le prochain article pour retrouver le bonheur de ma prose.

Comment ça les choix sont orientés ? 

Trêve de plaisanteries, venons-en au fait. J’ai navigué 20 ans les eaux troubles de l’Education Nationale, autant que ça serve un peu.

Attachez vos ceintures, chaussez vos lampes frontales, c’est parti !

C’est quoi les troubles des apprentissages ?

C’est un terme générique qui regroupe des réalités très diverses. On parle souvent de « troubles dys », mais quand on pense à cela c’est généralement la dyslexie qu’on connaît le mieux. C’est pourtant bien plus vaste que ça.

Version courte :

Le DSM-5 identifie 3 troubles spécifiques des apprentissages :

– la dyslexie : trouble spécifique avec déficit en lecture.

– la dysorthographie : trouble spécifique avec déficit de l’expression écrite.

– la dyscalculie : trouble spécifique avec déficit du calcul.

Ces troubles sont associé à :

– la dysphasie : trouble du langage oral

– la dyspraxie : trouble développemental de la coordination, qui englobe également certaines formes de dysgraphie (trouble de l’écriture)

Il n’est pas rare qu’un enfant présente plusieurs de ces troubles, parfois associés à un TDA-H ( trouble du déficit de l’attention, avec ou sans hyperactivité)

Version uncut :

La dyslexie se manifeste après le début de l’apprentissage de la lecture, par une mauvaise association des sons (phonèmes) et de leur transcription écrite (graphèmes), et une difficulté à saisir rapidement un mot dans sa globalité.

L’enfant semble déchiffrer avec peine, ce déchiffrage est lent et ponctué de nombreuses erreurs.

La dyslexie est très souvent associée à la dysorthographie.

Les enfants souffrant de dyspraxie ont des difficultés motrices. Les gestes complexes sont difficiles (s’il faut par exemple mémoriser et/ou reproduire une chorégraphie pour le spectacle de l’école, ou préparer des enchaînement pour l’évaluation du cycle gym)

Le déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDA-H) débute généralement avant l’âge de 12 ans (toujours selon le DSM-5).

Le TDA-H se présente sous 3 formes :

mixte : inattention + hyperactivité/impulsivité

inattentif : prédominance des symptômes d’inattention

hyperactif/impulsif : prédominance des symptômes d’hyperactivité/impulsivité.

De nombreux sites peuvent vous être utiles si vous souhaitez mieux comprendre le TDA-H :

www.tdah-france.fr

www.attentiondeficit-info.com

Le livre du Dre Annick Vincent, « Mon cerveau a besoin de lunettes », est une très belle manière d’aider votre enfant porteur de TDA-H à mieux comprendre son fonctionnement. Il existe une version pour les adultes avec TDA-H (« Mon cerveau a ENCORE besoin de lunettes »)

Le TDA-H est en général associé à d’autres troubles.

Un enfant peut également présenter un TSA (Trouble du Spectre de l’Autisme). Cette appellation reflète davantage la diversité des situations que le simple terme d’autisme.

Vous pourrez trouver de nombreuses infos sur www.autismeinfoservice.fr ou sur https://spectredelautisme.com , entre autres.

Les enfants présentant un Haut Potentiel Intellectuel peuvent également se trouvés confrontés à des difficultés dans leurs apprentissages, d’autant plus que le HPI est souvent associé à certains des troubles cités ci-dessus.

D’autres difficultés peuvent se présenter et ne pas faire l’objet d’un diagnostic formel. Cela ne signifie pas qu’aucun aménagement n’est possible , j’y reviendrai par la suite.

Mon enfant a des difficultés, à qui je m’adresse ?

Les interlocuteurs privilégiés seront souvent, en premier lieu, les enseignants. Vous pouvez également vous adresser au directeur/ à la directrice de l’école élémentaire, à la direction de l’établissement secondaire (principal·e du collège, proviseur·e du lycée), ou bien à l’équipe médico-sociale (infirmière, médecin scolaire, assistante sociale, psychologue de l’Education Nationale)

OK, mais pour quoi faire ?

Des adaptations peuvent être mises en place selon la situation dans laquelle se trouve l’enfant.

Ce qui va déterminer quel dispositif sera mis en place, c’est la présence ou non d’un diagnostic médical, et le fait qu’un dossier ait ou non été déposé à la MDPH.

La MDPH (Maison Départementale des Personnes Handicapés) reçoit votre dossier, qui sera étudié par la CDAPH(Commission des Droits et de l’Autonomie des Personnes Handicapées). Celle-ci peut, entre autres choses, attribuer une allocation permettant de financer des soins (ergothérapeute, orthophoniste, etc), des aides matérielles (ordinateur portable pour la classe) ou humaines (attribution d’un·e AESH, Accompagnant·e des Elèves en Situation de Handicap).

C’est là qu’on en revient au milieu scolaire.

Pour déterminer les besoins, la CDAPH aura besoin qu’un PPS (Projet Personnalisé de Scolarisation) soit rédigé. L’établissement scolaire devra remplir un GEVA-Sco (Guide d’Evaluation des besoins de compensation en matière de Scolarisation). Celui-ci sera réévalué chaque année en ESS (Equipe de Suivi de la Scolarisation)

Il existe des enseignants référents chargés de coordonner les parcours d’inclusion scolaire au sein des rectorats, ainsi que des inspecteurs IEN-Adaptation Scolaire Handicap.

En cas de difficultés liées à une situation médicale, qu’il s’agisse de santé physique ou de santé mentale, il est possible de mettre en place un PAI (Projet d’Accueil Individualisé) avec le médecin scolaire. 

Ce document permet de pouvoir administrer un traitement médical au sein de l’établissement (en cas d’allergies, de diabète, mais aussi en cas de troubles anxieux), de pouvoir aménager ou alléger l’emploi du temps. Il peut être étendu au temps périscolaire, c’est alors un PAIP.

Ce n’est pas toujours connu, mais un PAI peut être mis en place en cas de Refus Scolaire Anxieux (ou Phobie Scolaire). Je n’aime pas le terme « refus scolaire ». Je n’ai vu aucun enfant « refuser » d’aller à l’école, iels sont le premier·e·s à souffrir de ne plus pouvoir y aller. Je préfère parler d’anxiété scolaire.

Le PAI peut permettre à l’enfant d’être autorisé à sortir de classe pour se rendre à l’infirmerie ou auprès d’un autre adulte prédéterminé, de pouvoir prendre un traitement s’il lui en a été prescrit un, ou d’avoir un emploi du temps aménagé. Dans ce cas, une aide à domicile par le biais de l’APADHE (Accompagnement Pédagogique à Domicile à l’Hopital ou à l’École), qui a remplacé de SAPAD (Service d’Aide Pédagogique à Domicile) peut apporter un soutien pédagogique gratuit (mais pour un nombre d’heures limité tout de même). La circulaire se trouve ici: https://www.education.gouv.fr/bo/20/Hebdo32/MENE2020703C.htm

Tu peux également trouver des ressources ici https://phobie-scolaire.org/

L’enfant n’a pas de trouble des apprentissages officiellement diagnostiqué, ni de reconnaissance MDPH ?

Pas de panique, il y a le PAP (Plan d’Accompagnement Personnalisé). Interne à l’établissement, il peut être mis en place à la demande de la famille ou de l’équipe éducative, en cas de difficultés scolaires durables.

Le PAP permet des aménagements pédagogiques en classe, mais aussi durant les examens, avec accord de l’autorité académique (par exemple, tiers-temps et/ou dictée aménagée pour le Diplôme National du Brevet).

A une époque où on nous tartine les tympans de grands discours sur l’inclusion scolaire, je reste effarée du manque de communication sur ces sujets. 

Non, ce n’est pas clair comme de l’eau de roche. 

Déjà quand on nage dans ce bain là on y pige pas grand-chose.

D’autant plus que les sigles changent tous les 4 matins (oui, les administrations aiment faire du neuf avec du vieux, ça leur donne l’impression d’innover) et que les dispositifs d’aide fondent comme neige au soleil (la sobriété on connaît depuis longtemps dans l’Education Nationale)

Alors forcément, pour les parents, c’est incompréhensible. Et pour les intervenants qui entourent ces enfants et leur famille, ce n’est souvent guère mieux.

Quant aux moyens alloués pour permettre que l’inclusion scolaire des élèves en situation de handicap se fasse dans des conditions décentes et respectueuses, alors là, il ne vaut mieux pas que je me lance sur le sujet.

Le nombre de classes d’ULIS (Unités Localisées pour l’Inclusion Scolaire) baisse chaque années, les classes deSEGPA (Section d’Enseignement Général et Professionnel Adapté) ne peuvent pas accueillir la moitié des élèves qui en auraient besoin, les unités d’enseignement en établissement médico-sociaux sont devenus des objets rares, et pendant ce temps on propose des inclusions sauvages et trop souvent maltraitantes dans des classes de plus en plus bondées…bref, j’ai dit que je ne me lançais pas, je sais, je sais.

J’espère que ce petit topo aura permis d’éclairer un peu les choses. Si c’est le cas, n’hésite pas à le partager autour de toi.

Un jour, je te parlerai un peu plus de mon expérience dans l’Education Nationale. Mais je crois qu’un article n’y suffira pas…

Et si tu as des questions, n’hésite pas à me contacter, ici ou via Insta, j’y répondrai avec plaisir.

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