Hier matin j’étais en voiture, j’emmenais mon fils au collège.
Lui, ado de base, écouteurs dans les oreilles.
Moi, ancêtre, écoutant la radio.
France Inter, parce que bon, 20 ans d’enseignement, on ne va pas non plus se renier hein.
Mais là n’est pas le sujet.
Voilà que j’entends une citation de Rosa Luxembourg : « Celui qui ne bouge pas ne sent pas ses chaînes. »
Bam, coup dans le bide, uppercut au menton, yeux qui piquent et coeur qui tape.
Oui, il m’en faut peu, vis ma vie d’hypersensible.
Et comme dans le package il y a aussi le HPI, v’là ’ti pas que mon cerveau se met à dérouler ses 57654 associations d’idées en lien avec mon histoire et que cette citation vient cogner.
Je vous la fait courte, parce que je m’épuise déjà assez moi-même, je fais vous épargner la version longue.
J’ai passé la majeure partie de ma vie sans bouger.
Mais la vie est souvent farceuse (ceci est un article de blog, je reste donc polie, et vous laisse le soin de traduire cette phrase dans les termes qui vous correspondent).
Parfois je me suis retrouvée bien obligée de me mettre en mouvement, et je me suis alors rendue compte que je n’étais pas si libre de mes choix que j’aimais à le penser.
Je les ai parfois bien senties, ces chaînes. J’ai eu l’impression qu’elles me clouaient les pieds au sol, qu’elles me tiraient vers l’arrière depuis mon dos, qu’elles m’entravaient les bras.
Mais ce n’est qu’en étant dans cet inconfort que j’ai pu m’en alléger. Ce n’est qu’en étant obligée de les saisir à pleines mains que j’ai pu trouver les mousquetons me permettant de m’en libérer.
Peut-être qu’il existe encore des chaînes que je ne sens pas. Peut-être que je n’ai pas fini d’en découvrir.
Mais je crois qu’aujourd’hui, ma connaissance de moi-même est suffisamment solide pour me permettre de les soulever en douceur, de m’en détacher sans trop de heurts.
J’ai appris à dialoguer avec mes peurs, à apprécier leurs messages.
J’ai appris à me réconcilier avec mes chaînes, à ne pas garder rancune de ce qu’elles m’ont fait rater, mais plutôt à les remercier d’avoir chercher à me protéger de ce qui, à un moment, a pu me sembler dangereux.
J’ai appris à me mettre en mouvement sans attendre que des évènements extérieurs à ma volonté ne m’y obligent, parfois juste pour vérifier si j’en suis capable, s’il n’y a pas un truc qui va me retenir.
J’ai appris la résilience, j’ai appris la confiance, j’apprends encore la sécurité. J’y travaille.
Jean d’Ormesson répétait souvent « Merci pour les roses, merci pour les épines. La vie n’est pas une fête perpétuelle. C’est une vallée de larmes, mais c’est aussi une vallée de roses. Si vous parlez des larmes il ne faut pas oublier les roses, et si vous parlez des roses il ne faut pas oublier les larmes»
Voilà encore quelque chose qui résonne beaucoup en moi.
Je ne sais pas quel est votre parcours de vie. Je ne sais pas si vous êtes actuellement dans une vallée de roses ou dans une vallée de larmes.
Mais je suis intimement persuadée que vous pouvez, ou que vous pourrez, choisir d’avancer. Peut-être aurez-vous besoin d’aide sur ce chemin, ou peut-être pas, et ce sera ok. Peut-être qu’il vous faudra du temps. Des moments de repos, des moments de recul. C’est normal.
Vous en apprendrez beaucoup sur vous, sur celleux qui vous entourent aussi. Vous n’aurez pas toujours le choix de ce qui vous arrivera (et n’écoutez pas les gens qui se frictionnent le bulbe à la loi de l’attraction), mais vous aurez le pouvoir de décider quoi en faire. Personne ne pourra vous voler ça. Il est possible que ça prenne du temps, mais tôt ou tard…
Et chaque fois que vous sortirez d’une vallée de larmes et que vous n’aurez plus les yeux embrumés et le nez bouché, vous profiterez un peu plus puissamment de la vue et de l’odeur des roses.
Respirez aussi profondément que vous le pouvez. Ça ira.