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Photo de Domingo Alvarez E sur Unsplash

Une brève histoire des émotions

Tout d’abord, il me faut vous le dire, je déteste l’expression « gérer ses émotions ».

Pourquoi ? Parce que bien souvent, ce qu’on attend d’un outil de « gestion des émotions », c’est d’être capable de les mettre de côté, de les baîllonner, de les coller sous le tapis.

Laissez-moi vous dire qu’on finit par se prendre les pieds dedans, même quand on est d’apparence très doué·e pour « gérer ».

Je pense pouvoir dire (en toute modestie puisque je n’en tire aucune fierté) que j’ai moi-même excellé dans cet exercice pendant de nombreuses années.

Si j’avais reçu 1 euro chaque fois qu’on m’a qualifiée de « forte », « solide », « digne », chaque fois qu’on m’a demandé comment je faisais pour prendre autant de recul et rester aussi stoïque, je serais présentement en train de siroter un cocktail servi par mon barmaid attitré sur ma plage privée d’une île paradisiaque.

La vérité, c’est que j’étais complètement déconnectée, dissociée de mes émotions. Et c’était nul. La lose totale.

Attention, je ne me jette pas la pierre, c’est un mécanisme de protection que j’ai mis en place tôt dans mon enfance, pour me préserver d’émotions que je n’étais pas en capacité de traverser en sécurité à cette époque.

Et ça arrive souvent. Un joli mille-feuille de traumas et/ou de micro-traumas pendant l’enfance, et c’est le court-circuit. Comme ça fonctionne plutôt bien pour l’objectif recherché (éviter la souffrance), on continue comme ça.

Sauf que…nos émotions ne sont pas là pour rien. Elles ont un rôle primordial.

Il existe plusieurs émotions dites « primaires ». Selon les auteurs, on en dénombre 5, 6 ou 7, voire plus.

Je vais baser mon propos sur les travaux de Paul Ekman, selon qui il existe 6 émotions de base : la joie, la tristesse, le dégoût, la colère, la peur et la surprise. Ces émotions s’expriment de manière immédiate et parfois brusque, en réaction à un stimuli. Elles sont innées et universelles, ne sont ni volontaires ni raisonnées, et il est donc assez vain de chercher à les « gérer » ou à les rationaliser.

Les émotions secondaires sont des mélanges d’émotions de base, comme la honte, la fierté, le mépris ou l’enthousiasme.

Les émotions secondaires sont davantage de l’ordre de l’acquis que de l’inné, elles sont apprises. Elles ne remplissent pas de fonction biologique adaptative (elles ne sont donc pas nécessaires à la survie et/ou à l’évolution et l’espèce).

Quelles fonctions ont nos émotions ?

Nos émotions nous aident à nous adapter à notre environnement ou à une situation.

Elles peuvent déclencher des réactions physiques.

Prenons l’exemple de la peur et de ce qu’elle provoque dans notre corps : accélération du rythme cardiaque et dilatation des bronches pour se préparer à un éventuel effort physique (fuite ou combat), flux sanguin réduit vers le système digestif pour privilégier les muscles, dilatation des pupilles pour une meilleure acuité visuelle, production d’adrénaline pour abaisser la sensibilité à la douleur, etc.

Il s’agit d’une cascade de réactions gérée dans notre cerveau par l’amygdale, qui prend alors le pas sur toutes les autres zones, le temps que le danger soit évalué ou écarté.

Chaque émotion est un signal, un guide visant à nous permettre de répondre à un besoin essentiel (sécurité, amour, reconnaissance, connexion, etc).

Les émotions ont également une fonction sociale. L’expression de nos émotions envoie un message et influence notre interlocuteur. Le rôle des neurones miroirs et de la communication non verbale est primordial dans les interactions humaines.

Bien souvent, nous allons détecter l’émotion ressentie par notre interlocuteur avant qu’il ne la verbalise, ce qui peut nous permettre d’ajuster l’échange pour répondre à notre objectif.

Enfin, les émotions sont de puissants leviers de motivation et de passage à l’action.

Mais alors, pourquoi les rejette t-on ?

Nous ne sommes pas toujours à l’aise avec la puissance de nos émotions. La manière dont on nous a appris à les traverser durant notre petite enfance, à un âge où la maturité émotionnelle est encore très instable, joue un rôle important dans la manière dont nous les accueillerons plus tard.

Or, la plupart du temps, on nous apprend à nous éloigner de nos mécanismes de régulation naturelle :

« Arrête de pleurer ! »

« Ne crie pas, tu me casses les oreilles »

« Pourquoi tu ris bêtement ? »

« T’es pas beau/belle quand tu pleures/quand tu te fâches… »

Déjà entendu ?

Socialement, l’expression ouverte et spontanée des émotions est assez mal vue. Les émotions, c’est la pulsion, le désordre, le chaos.

Pourtant, de nombreuses études, comme celle menée en 2013 à l’Université de Rochester tendent à démontrer que les tentatives pour taire nos émotions ont des effets négatifs à long terme, sur notre corps comme sur notre esprit. Les chercheurs ayant réalisé cette étude ont déterminé que les personnes qui rejettent leurs émotions augmentent leur risque de décès prématuré de 30 %, et le risque de cancer est accru de 70 % (Emotion suppression and mortality risk over a 12 year follow-up)

Que faire ?

Il existe de nombreuses approches thérapeutiques centrées sur les émotions, comme la TCE (Thérapie Centrée sur les Émotions), l’EFT (Emotional Freedom Technique), la pleine conscience et la MBSR (Mindfulness Based Stress Reduction), les TCC (Thérapies Cognitives et Comportementales), l’EMDR ou le Brainspotting.

Il y a tout ce qu’il faut sur le marché, et comme toujours je vous invite à faire vos recherches afin de vous faire votre propre idée et de déterminer quelle approche peut le mieux vous correspondre.

En hypnose, j’utilise une approche que j’appelle la réconciliation émotionnelle, et qui offre toujours de magnifiques moments de libération.

En état d’hypnose, j’accompagne la personne à créer un espace de sécurité, dans lequel toutes les émotions pourront venir s’exprimer à leur tour, dans le respect de chacune et de l’équilibre global de la personne accompagnée.

Ensuite, nous invitons les émotions à venir s’exprimer dans cette espace. Elles se montrent parfois sous des traits assez surprenants, elles sont souvent sur la réserve, parfois un peu craintives, mais sont toujours agréablement surprises de se voir offrir un espace de libre expression (même s’il m’arrive souvent d’avoir à jouer les chefs d’orchestre de manière assez ferme au départ).

Une fois que chacune a pu exprimer ses objectifs et ses besoins, elles vont être amenées a se réunir autour de ce qui les rassemble (généralement, elles veulent toutes notre bien, mais c’est un peu comme si chacune portait des lunettes avec des verres teintés de couleurs différentes, et que ça les empêchait de voir leurs points communs) pour redonner de l’équilibre au système.

Ce sont toujours des séances qui me touchent, et que je trouve d’une grande beauté.

Oui, je suis peut-être un peu gnangnan, mais ça m’émeut, moi, de voir l’inconfort et le conflit interne laisser place à la bienveillance et la collaboration. Ça me bouleverse de voir l’étonnement, la curiosité, le soulagement, l’apaisement, se peindre sur les visages de celles et ceux qui m’accordent leur confiance.

J’en ressors toujours toute tourneboulée, et emplie d’une infinie gratitude et d’un amour immense pour mon métier.

Alors si toi aussi tu as envie d’aller à la rencontre de tes émotions, d’apprendre à les accueillir et à communiquer avec elles, afin d’en faire tes alliées et plus tes ennemis, n’hésite pas à me contacter pour une séance au cabinet à Is-sur-Tille ou bien en visio.

Quelques ressources supplémentaires:

Vidéo tirée de la chaîne YouTube « Je pense aussi à moi« .

Sur un ton moins sérieux mais avec beaucoup d’humour, vidéo sur la chaîne « Et tout le monde s’en fout« , que j’adore.

Une dernière vidéo très instructive.

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