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Voyage au coeur de l’imagination.

Je ne vais rien t’apprendre de nouveau si je te dis que ton cerveau est capable de faire des trucs extraordinaires, ce n’est pas comme si des dizaines de livres avaient traité du sujet ces dernières années.

Ceci dit, peut-être que tu ne dévores pas autant de bouquins que moi et qu’un petit résumé te sera utile (oui, je sais, il y a des gens qui ont une vie dehors, mais je n’ai pas encore bien compris comment ni pourquoi).

Peut-être que tu fais partie de ces gens qui vont immédiatement se dire : « Ouais, enfin, le mien de cerveau, il a surtout la capacité de m’empêcher de dormir, et de me faire stresser à la moindre occasion. »

Je ne te jette pas la pierre, il m’a fallu plus de 35 ans pour apprivoiser le mien, et encore aujourd’hui on a nos petits moments compliqués lui et moi.

Par exemple, l’idée d’écrire cet article m’est venu sous la douche ce matin.

La première idée, celle du thème, a été immédiatement suivie par toute sa famille, proche, lointaine, et surtout nombreuse, d’idées. Des articles que j’avais pu lire, un épisode de podcast qui m’avait marqué, des études dont j’avais entendu parler, des exemples d’accompagnements, des contre-exemples, etc.

Impossible de calmer le bazar là haut…Résultat : j’ai bien failli sortir de la douche avec du shampooing plein le crâne, j’ai mis le double de temps à me sécher les cheveux parce que je faisais des pauses pour organiser les idées dans ma tête, et j’ai joué au roi Dagobert.

Je me fatigue.

Mais me voilà, alors venons-en aux faits.

L’imagination, c’est quoi ?

L’imagination, c’est, selon la définition proposée par le dictionnaire :

– la faculté que possède l’esprit de se représenter des images ou d’évoquer les images de choses, de personnes, de lieux ou d’évènements déjà perçus

– la faculté de former des images de choses, de personnes, de lieux ou d’évènements qu’on a pas déjà perçus, ou de faire des combinaisons nouvelles d’images ou d’idées, de se représenter des situations possibles.

Elle est donc très souvent associée à l’imagerie mentale, et c’est en effet la plupart du temps comme cela que notre cerveau nous permet d’imaginer. C’est ce qu’il fait lorsque nous rêvons endormis, mais aussi lorsque nous rêvons éveillé·es.

Ce n’est toutefois pas toujours le cas, mais j’y reviendrai plus tard quand je parlerai plus spécifiquement de l’hypnose.

De nombreuses études ont utilisé l’IRMF ces dernières années pour observer les zones cérébrales impliquées dans différents processus cognitifs, dont l’imagination et la créativité (voici une étude sur le cerveau et la créativité, en anglais)

Ces études tendent à démontrer que l’imagination est une source de stimulation pour de nombreuses zones du cerveau, et que cette stimulation a un impact sur la plasticité cérébrale, c’est à dire la capacité du cerveau à remodeler ses connexions en fonction de l’expérience vécue. (une étude ici et une autre ici, en anglais toujours)

Comme bien (trop) souvent, nous avons culturellement tendance à venir inhiber dès le plus jeune âge des capacités naturelles qui pourraient nous être d’une grande utilité.

« Arrête de rêvasser »

« Votre enfant est trop souvent dans la Lune »

Pourtant, l’impact de notre imagination sur nos perceptions sensorielles (encore une étude par ici) peut avoir de nombreux effets positifs.

Prenons l’exemple de l’enfant.

Sa capacité à s’imaginer comme un·e super héro·ine, à se visualiser accomplissant de grandes choses, lui permet de bâtir les fondations d’une solide confiance en lui/elle.

Comment peut-on utiliser son imagination ?

Lorsque mon fils aîné avait 4 ou 5 ans, alors que nous étions en vacances chez ses grands-parents, je le vois monter en haut de l’échelle de la piscine et retirer ses brassards.

Il était allé à la piscine avec le centre de loisirs, mais dans le petit bassin, là il s’apprêtait clairement à sauter dans une profondeur dans laquelle il n’aurait pas pieds.

Sans aucune peur.

Quand je lui ai demandé s’il avait déjà tenté sans brassards, il m’a répondu que non, mais qu’il avait vu faire « les grands » et qu’il avait « bien réfléchi à comment il allait faire pareil ».

L’autre facteur, évidemment, a été sa confiance en moi. « Si je coule, c’est pas grave, t’es à côté. Mais je ne vais pas couler, tu vas voir».

Sa confiance en sa capacité à tenter cette nouvelle expérience s’est donc construite sur ces deux pôles : il avait imaginé sa réussite, et son cerveau avait gardé en mémoire cette visualisation, lui permettant un ressenti de sécurité au moment de passer à l’action. Et, accessoirement, il se disait que sa mère ne le laisserait pas se noyer.

Tout ça pour dire qu’on a tort de ne pas laisser les enfants rêver. Leur imaginaire est leur meilleur allié pour grandir en confiance (voici deux sources en français: un article paru dans Cerveau et Psycho et un autre sur le développement de l’imagination)

C’est d’ailleurs ce qui rend les enfants aussi réceptifs et efficaces en hypnose. Leur capacité à utiliser leur imagination pour trouver la solution à leur problème et à en faire une réalité dans laquelle iels sont capables de se projeter m’épate toujours.

Quand avons-nous perdu cette faculté de créer notre réel?

Et l’hypnose alors ?

L’imagination est tout aussi utile aux adultes.

En hypnose, on utilise beaucoup la capacité à imaginer.

Petite précision qui me semble toutefois importante : imaginer ne veut pas toujours dire visualiser.

Il est vrai que l’imagination passe par le cortex visuel, et que c’est souvent comme cela (en images) que notre cerveau va transcrire ce qu’on imagine.

Mais parfois, ça bloque de ce côté là.

Tout d’abord, parlons de l’aphantasie, qui est l’incapacité à se représenter une image mentale de manière volontaire. Elle touche 3 à 4 % de la population mondiale.

Pourquoi préciser « de manière volontaire » ? Parce que de nombreux aphantasiques témoignent tout de même rêver en images.

Les causes de l’aphantasie sont encore le sujet d’études, et plusieurs pistes sont explorées. Le magazine « Cerveau et Psycho » a consacré un article à l’aphantasie dans son numéro de Juillet 2023, et dans lequel tu trouveras de nombreuses informations si le sujet t’ intéresse.

Toujours est-il que la grande majorité de la population est capable de se représenter volontairement une image mentale.

Pourtant, c’est souvent un sujet de blocage qui revient concernant l’hypnose.

« J’ai peur de ne rien voir »

« Je suis censé·e voir comme dans un film ? »

Il se peut qu’au départ te ne visualises rien, et ce pour plusieurs raisons.

L’anxiété de performance et l’envie de bien faire peuvent faire barrage, ou bien des attentes et des consignes peu claires de la part du/de la praticien·ne, ou simplement un besoin de passer par un canal plus auditif ou kinésthésique au départ.

Ça n’est pas un souci, on s’adapte, et bien souvent c’est en lâchant cette attente de visualisation parfaite qu’on parvient à projeter en images.

Mais pour quoi faire, concrètement ?

L’utilisation de la visualisation est très souvent utilisé par les sportifs dans le cadre de la préparation mentale avant une compétition ou une épreuve, mais aussi pour maintenir leurs capacités techniques en s’entraînant mentalement, en cas de blessure par exemple.

L’imagination est également un levier puissant pour stimuler sa créativité. Lutter contre l’angoisse de la page blanche, visualiser dans le détail l’oeuvre qu’on a envie de coucher sur la toile, booster sa capacité à trouver des idées novatrices dans le cadre d’un lancement de projets, et bien d’autres situations encore dans lesquelles l’hypnose et l’auto-hypnose peuvent être des outils à notre service.

Et si tu t’es reconnu·e au début de cet article lorsque j’ai parlé de la capacité du cerveau à jouer les rabat-joie toute la journée et les trouble-fête à 2h du matin, tu sais aussi certainement que la capacité de ton cerveau a se projeter dans une situation qui n’a jamais eu lieu et à générer des ressentis très puissants en rapport avec cette situation hypothétique n’est pas à négliger.

Cette compétence peut également être retournée à ton avantage pour lutter contre l’anxiété et les phobies, en alliant l’hypnose et les thérapies cognitivo-comportementales, ce qui permet un travail d’exposition progressive et sécurisée à l’objet de la peur ou de la crainte, et favorise l’apaisement des ressentis et le « désapprentissage » de la peur (voici une étude très intéressante sur ce sujet, en anglais toujours)

Si tu avais tendance à balayer d’un revers de la main les capacités de ton imagination, domaine selon toi réservé aux utopistes ou aux perché·es, j’espère que cet article t’aura ouvert quelques pistes de réflexion.

Contrairement à nos capacités intellectuelles ou physiques, les capacités de notre imaginaire sont sans limites.

Ne nous en privons pas.

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